Parmi les grâces qu’Allah, exalté soit-Il, a accordées à cette nation il y a le fait qu’Il ait créé des saisons qui nous permettent de multiplier nos actes de dévotion, de nous approvisionner en bonnes actions, de profiter de Sa miséricorde et de savourer la beauté de la foi. Des saisons qui appellent les serviteurs d’Allah, exalté soit-Il, en disant : « Ô toi qui cherches le bien, avance. Ô toi qui cherches le mal, va-t-en ». Parmi ces saisons, figure la première décade du mois de Dhûl-Hidjjah.
Le mérite de cette décade a été mis en exergue par les versets du Coran et par maints hadiths, d’autant plus qu’elle est liée à certaines traditions prophétiques et à certains actes cultuels.
Dans ce contexte, j’aimerais porter mon attention sur l’une de ces traditions prophétiques que beaucoup de musulmans ont abandonnée, à savoir la répétition du Takbîr.
D’après Ibn ‘Umar, qu’Allah soit satisfait de lui et de son père, le Prophète (
« Il n’y a pas de jours plus importants pour Allah et pendant lesquels les bonnes actions accomplies lui sont plus chères que ces dix jours ; multipliez-y donc le Tahlîl, le Takbîr et le Tahmîd » (Ahmad).
Dans son Sahîh, Boukhari affirme qu’Ibn ‘Umar et Abû Hurayra, qu’Allah soit satisfait d’eux, « circulaient dans les marchés pendant la première décade du mois de Dhûl-Hidjjah en répétant le Takbîr, et que les gens le répétaient après eux ».
Bien que les Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, aient été extrêmement soucieux de ressusciter cette tradition prophétique, les musulmans l’ont abandonnée.
Pour ressusciter cette pratique, il serait peut-être utile que le musulman prenne connaissance des enseignements qu’elle nous procure et qu’il soit au courant de ses effets sur la consolidation de la foi.
Avec l’aide d’Allah, exalté soit-Il, je m’évertue à en mentionner quelques uns, comme suit :
1- Un acte d’adoration :
Si le Takbîr est ressenti par le musulman comme un acte cultuel, voué à Allah, exalté soit-Il, comme le stipule la Charia, il savourera la beauté de cet acte, et se sentira honoré par sa soumission à son Seigneur, exalté soit-Il. Il sera parmi les serviteurs rapprochés d’Allah, exalté soit-Il, à propos desquels Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Ô Mes serviteurs ! Vous ne devez avoir aucune crainte aujourd’hui ; vous ne serez point affligés » (Coran 43/68), et auxquels Il fait cette bonne annonce (sens des versets) :
« Annonce la bonne nouvelle à Mes serviteurs qui prêtent l’oreille à la Parole, puis suivent ce qu’elle contient de meilleur. Ce sont ceux-là qu’Allah a guidés et ce sont eux les doués d’intelligence ! » (Coran /17-18).
2- Méditer sur le sens de « Allahu Akbar » (Allah est le plus grand) :
Quand le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, dit : « Allahu Akbar » (Allah est le plus grand), il décrit son Seigneur, exalté soit-Il, et lui attribue le nom qu’Il S’est donné, car Il est le Grand, Qui est au-delà de toute injustice, tout mal et tout défaut, le Superbe le Sublime.
Être pleinement conscient de ces valeurs remarquables pendant la prononciation du Takbîr consolide la foi du serviteur d’Allah, exalté soit-Il. Ajoutons à cela qu’il s’agit d’une invocation d’Allah, exalté soit-Il, en prononçant Ses noms et attributs puisqu’Il dit (sens du verset) :
« C’est à Allah qu’appartiennent les noms les plus beaux. Invoquez-Le par ces noms et laissez ceux qui profanent Ses noms : ils seront rétribués pour ce qu’ils ont fait » (Coran 7/180).
3- Ressentir la compagnie d’Allah, exalté soit-Il :
Quand le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, répète le Takbîr, il reconnaît qu’Allah, exalté soit-Il, est plus Grand que tout autre chose, c’est-à-dire plus Grand que les tyrans et les injustes. Par conséquent, Il est seul capable d’accorder la victoire à ceux qui subissent l’injustice. D’ailleurs, Il est plus Grand que toutes les créatures nuisibles et Il est seul capable d’en épargner Ses serviteurs. En outre, Il est, exalté soit-Il, plus Grand que les mécréants qui infestent la terre et Il est seul capable de riposter à leurs complots.
En répétant le Takbîr, le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, reconnaît sa soumission à son Seigneur le plus Grand, exalté soit-Il, celui Qui dissipe le mal et accorde la victoire à celui qui subit l’injustice. Voilà pourquoi le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, a dit : « Lâ Ilâha Illa Allah wallahu Akbar » (Nul n’est digne d’être adoré en dehors d’Allah et Allah est le plus Grand).
4- La Takbîr est une profession de l’Alliance et du Désaveu et une opposition aux polythéistes :
Lorsque le serviteur d’Allah proclame la grandeur de son Seigneur, le Très-Haut, il L’exalte loin des attributs que Lui confèrent les mécréants et les polythéistes, en Lui donnant des associés et en Lui assignant ce qu’ils détestent. Par cette proclamation, le serviteur d’Allah désavoue également les idolâtres. Lorsque ces derniers s’écriaient : « exalté soit Hubal », le Prophète (
Pendant la saison du pèlerinage, les mécréants étalaient leurs mythes, leurs croyances erronées et leurs actes de polythéisme qui s’opposaient diamétralement à l’exaltation d’Allah, exalté soit-Il. Ils disaient dans la formule de la Talbiya : « Me voici, ô Allah ! Me voici, ô Toi Qui n’as point d’associé, sauf un associé qui t’appartient ainsi que ce qu’il possède ». La proclamation du Takbîr est donc un désaveu catégorique de ce polythéisme.
Et quand ils immolaient leurs bêtes de sacrifice, ils étalaient la chair de ces animaux sur le sol et se barbouillaient avec leur sang, croyant qu’ils se rapprochaient ainsi d’Allah, exalté soit-Il. Or, Allah, exalté soit-Il, a montré que ces actes n’étaient qu’ignorance et mensonge. En réplique à ce mensonge, Il dit, exalté soit-Il (sens du verset) :
« Ni leurs chairs ni leurs sangs n’atteindront Allah, mais ce qui L’atteint de votre part c’est la piété. Ainsi vous les a-t-Il assujettis afin que vous proclamiez la grandeur d’Allah, pour vous avoir mis sur le droit chemin. Et annonce la bonne nouvelle aux bienfaisants » (Coran 22/37).
C’est alors qu’a été imposée l’obligation de prononcer le nom d’Allah, exalté soit-Il, et de proclamer Sa grandeur en immolant les animaux de consommation, dans le but de déroger aux traditions polythéistes.
Comme c’est réconfortant de désavouer les mécréants et les polythéistes et d’affermir sa foi en prononçant le Takbîr.
5- Le Takbîr purifie le cœur de ses maladies :
Lorsque le serviteur d’Allah prononce le Takbîr, glorifiant et exaltant son Seigneur, le Très-Haut, et que son cœur rejoint sa langue dans cette proclamation, Allah, exalté soit-Il, devient le plus Grand dans son cœur en dehors de tout autre chose.
Si son cœur est occupé par autre chose, cela veut dire que cette chose est plus grande et plus importante pour lui, et qu’il prononce le Takbîr uniquement avec la langue, sans que cette proclamation ne touche son cœur.
Mais si, en prononçant le Takbîr, le cœur du serviteur est en accord et en harmonie avec sa langue, il sera débarassé de l’orgueil qui est en contradiction avec la soumission totale à Allah, exalté soit-Il, et qui l’empêche de se détourner de tout autre chose en dehors de Lui. Corrélativement, cette proclamation le met à l’abri de ces deux fléaux qui représentent un écran opaque entre le serviteur d’Allah et son Seigneur, exalté soit-Il.
6- Le Takbîr est une manière de remercier Allah, exalté soit-Il, Qui nous a guidés vers le bon chemin :
Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
• « (Ces jours sont) le mois de Ramadān au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne ! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours. Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants ! » (Coran 2/185) ;
• « Ni leurs chairs ni leurs sangs n’atteindront Allah, mais ce qui L’atteint de votre part c’est la piété. Ainsi vous les a-t-Il assujettis afin que vous proclamiez la grandeur d’Allah, pour vous avoir mis sur le droit chemin. Et annonce la bonne nouvelle aux bienfaisants » (Coran 22/37).
Dans ces versets, Allah, exalté soit-Il, nous montre qu’Il a prescrit le Takbîr, après avoir guidé cette communauté, lui a donné l’apanage de ces saisons bénies et lui a épargné les adeptes des autres croyances qui, égarés, ont été éloignés des musulmans par Allah, exalté soit-Il.
Le Takbîr est donc une manière de remercier Allah, exalté soit-Il, pour Sa Générosité envers la communauté musulmane, et pour le fait de l’avoir guidée vers l’accomplissement assidu des actes de dévotion et vers la voie du succès et du bonheur.
7- Le Tabkîr nous appelle à accomplir de bonnes actions :
Lorsqu’on proclame la grandeur d’Allah, exalté soit-Il, cette proclamation orale doit être accompagnée par des actions aimées d’Allah, exalté soit-Il, tout en s’éloignant des actions qui Le courroucent. Al-Fakhr al-Râzi, qu’Allah lui fasse miséricorde explique : « Pour que le Takbîr soit impeccable, il doit être effectué à travers la parole, la foi et les actes. La parole consiste à reconnaître les noms et les attributs sublimes d’Allah, exalté soit-Il, Sa transcendance de tout ce qui ne Lui convient pas, et ne pas Lui donner d’égal qu’il s’agisse d’une épouse, d’un fils ou d’une créature quelconque. Cette reconnaissance ne peut avoir dûment lieu que si elle émane du cœur. Quant à l’action, elle consiste à accomplir les actes d’obéissance comme la prière, le jeûne et le Hadj ».
8- Le Takbîr est une exaltation des injonctions sacrées d’Allah, exalté soit-Il :
Le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, prononce le Takbîr après avoir parachevé le jeûne obligatoire, pendant le Hadj, au cours de la première décade du mois de Dhûl-Hidjjah, en se rendant à la mosquée pour accomplir la prière de la fête, en immolant la bête de sacrifice et pendant les jours de Tachrîq, rien que pour exalter les injonctions sacrées d’Allah, exalté soit-Il, Qui dit (sens du verset) : « Voilà [ce qui est prescrit]. Et quiconque exalte les injonctions sacrées d’Allah, s’inspire en effet de la piété des cœurs » (Coran 22/32).
Tâchez donc, ô serviteur d’Allah, de mettre en pratique ce rite éminent et d’autres traditions prophétiques recommandées par le Législateur, susceptible d’apporter le bien et le succès dans le bas monde et dans l’au-delà. Même si nous ne parvenons pas à saisir les bénéfices de ces actes, il suffit qu’ils proviennent du plus sage des Juges..
Alors qu’ils étaient établis à Mina pendant le Hadj, ‘Umar et son fils ‘Abdallah, qu’Allah soit satisfait d’eux, répétaient le Takbîr à haute voix, si bien que l’écho faisait tressaillir les montagnes circonvoisines.
Quand entendrons-nous ces échos dans les mosquées et les lieux de prière ?
J’implore Allah, exalté soit-Il, qu’Il nous aide à nous attacher à la Sunna et à honorer les ordres d’Allah, exalté soit-Il, et ceux de Son Prophète (
Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur notre Prophète Mohammad, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons.
Abû Bakr al-Bakhît