samedi, octobre 5

Quatre principales confréries soufies se retrouvent au Sénégal, dont l’historique, caractéristiques et poids inégaux, ne nuisent pas à de bons rapports mutuellement entretenus.

D’après les derniers chiffres officiels, sur un total de 13.5 millions de Sénégalais, 49% de la population du pays est Tidiane, 31% Mouride, 8 % Khadre et 6% Layène.

« Mourides, tidianes, khadres, layènes : tous les chemins mènent à Dieu », dit-on familièrement pour sceller l’entente tacite entre ces écoles spirituelles qui se gavent toutes à la source du soufisme.

Cette entente s’élargit jusqu’à la minorité chrétienne vivant en parfaite harmonie avec les musulmans. Le premier chef de l’Etat du pays, Léopold Sedar Senghor a eu même le soutien de Serigne Fallou Mbacké (fils et premier khalife de Cheikh Ahmadou Bamba) bien que en compétition électorale avec des candidats musulmans.

Mourides:

Fondé par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (1853- 1927), le mouridisme demeure la plus influente et la plus puissante des confréries du Sénégal. Les disciples sont reconnaissables dans les rues par leur manière singulière de se saluer. La poignée de main s’accompagne de l’effleurement par le front du dos de la main de l’autre. Les mourides arborent aussi fièrement autour du cou des photos de leurs marabouts.

La capitale, Touba (région de Diourbel), dispose d’un statut spécial : tabac et alcool y sont formellement interdits au même titre que l’école française.

Ceci, par la seule volonté du Khalife dont les recommandations ont valeur de loi. Tout dans la confrérie tourne autour du ndiguel (injonction du marabout) ayant trait pour la plupart à l’adoration de Dieu et au travail. « Dieuf dieul » (agir pour acquérir) et « khel com » (l’intelligence pour la prospérité) sont les termes forts érigés comme viatique aux disciples de la confrérie.

C’est ce qui fait d’eux les grands acteurs du secteur informel. Du petit commerce aux grandes surfaces ils s’activent partout et disposent d’une véritable force financière.

La grande mosquée de Touba est l’une des plus imposantes de l’Afrique de l’ouest. Une autre cette fois-ci à Dakar sera elle la plus grande de toute l’Afrique de l’ouest. Evaluée à plus de 42 millions USD, la mosquée Masalikoul Jinaan dont les travaux sont en cours se réalise majoritairement avec l’apport des disciples.

Pour être un disciple il faut au préalable faire allégeance à un marabout. L’événement le plus important de la confrérie fondée par Cheikh Ahmadou Bamba au XIXe siècle est la commémoration du départ en exil du saint homme contraint par le colon à quitter le pays. Cette rencontre annuelle se tient lors du 2ème mois du calendrier musulman et attire des millions de fidèles du monde entier.


Tidianes

C’est El Hadj Malick Sy (1847-1922) qui est le principal propagateur de la confrérie Tidiane au Sénégal. La tidiania a très tôt été décentralisée grâce au concept de mouhadam (compagnons à l’érudition avérée) mis en place par El Hadj Malick Sy.

Ces derniers se sont implantés dans presque toutes les contrées du pays pour élargir le travail de Malick Sy basé au quartier général, Tivaouane (région de Thiès). Chacun des mouhadams étant chargé de mettre en place un daara (école coranique) et une mosquée à son lieu d’implantation.

Pour être de la confrérie il faut impérativement recevoir le wird (invocation) d’un érudit reconnu et habilité à le faire et s’en acquitter deux fois par jour, le petit matin et au coucher du soleil.

Chez les Tidianes, le tabac est proscrit. Son usage rompt le wird qu’il faudra renouveler le cas échéant. Beaucoup de sympathisants n’ont pas reçu le wird mais se reconnaissent cependant à cette confrérie.

Le plus grand événement de la confrérie tidiane est la célébration de la naissance du Prophète, communément appelée Gamou.

Layènes

Pêcheur de son état et parfait illettré, Limamou Laye (1843 – 1909) a lancé en 1883 un appel pour qu’hommes et djinns viennent le rejoindre pour adorer Dieu. Considéré par ses disciples comme le Mahdi annoncé par le Prophète, son prêche atteint particulièrement les lébous (ethnie de pêcheurs vivant sur le littoral entre Dakar et la ville de Kayar dans la région de Thiès).

Seydina Issa rouhou Laye (1876- 1949), fils et premier Khalife, a succédé à son père. Il a perpétué l’œuvre de son père en exhortant les fidèles à servir Dieu avec constance et sincérité.

Les layènes célèbrent la nuit du destin pendant toutes les nuits du mois de ramadan contrairement aux autres confréries qui en choisissent une seule. Ils lavent leurs pieds jusqu’aux genoux en faisant l’ablution et consacrent plus d’un quart d’heure au zikr (exaltation de Dieu et son Prophète) avant chacune des cinq prières quotidiennes.

Pas d’acte d’allégeance ou encore de prise de wird, il suffit juste d’intégrer et de se reconnaître comme disciple pour faire partie de la communauté.

La commémoration de l’Appel de Limamou Laye est l’événement phare de la communauté. Lors de la célébration qui se tient au 8e mois du calendrier musulman, Yoff quartier général de la communauté et Cambérène (Dakar) reçoivent des milliers de disciples tout de blanc vêtus et entonnant des chansons sur des rythmes dont eux seuls ont le secret.

Khadres

La khadriya est fondée par Abdou Khadre Diélany (en Irak) au 12ème siècle et a atteint le Sénégal grâce au Mauritanien Cheikh Saadbou Abih (1848-1917). Elle est de ce fait la plus ancienne des confréries au Sénégal. Elle se nourrit toujours à la source mauritanienne où se trouve, dans la localité de Nimzatt, le foyer principal.

Le grand pèlerinage du jour d’Aïd El-Fitr est le plus grand événement de la communauté. Un pèlerinage initié par les disciples sénégalais et qui fait de Nimzatt le point de convergence de tous les khadres de la sous-région.

La ville de Ndiassane (région de Thiès) est le principal centre de la confrérie au Sénégal. Les khadres font usage du tabaala (gros tambours au fond fermé) lors de leurs célébrations et chantent sur des airs mauresques, une particularité de cette confrérie.

La famille religieuse de Cheikh Bouh Kounta (1840-1914) a cette particularité de voir ses descendants s’ouvrir, au-delà de la science islamique, aux métiers de la vie contrairement aux autres familles religieuses. On les voit dans toutes les sphères professionnelles : professeurs, journalistes, médecins..

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